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L’excès des droits individuels

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DOMINIQUE BOISVERT :

Je m’avance sur un terrain glissant. Pour deux raisons: je semble aller à contre-courant de ce qui est «progressiste» et je mets en cause des personnes vulnérables, celles qu’une société juste et un chrétien devraient privilégier. Deux tabous difficiles à remettre en question dans mon milieu. Surtout qu’une telle remise en question risque de me faire passer pour passéiste ou pour conservateur.

Tant pis! Je crois qu’il faut oser y aller…

C’était hier la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie. On ne peut évidemment pas être pour l’homophobie ni pour la transphobie. En fait, soyons clair, on ne peut être pour aucune «…phobie»!

Ceci étant posé, je n’ai pu m’empêcher, toute la journée, d’éprouver un malaise. Celui des dérives dans lesquelles nous sommes déjà entrés. À force d’être soucieux de protéger les droits et les particularités individuels de chacun et chacune, il reste de moins en moins de valeurs ou «vérités» collectives autour desquelles nous sommes prêts à nous rassembler, que nous sommes prêts à tenir pour communes. Et c’est en train de devenir un problème social, politique et anthropologique, voire philosophique, de plus en plus grave par ses conséquences.

On pourrait multiplier les exemples: contentons-nous de trois.

Le rapport à la sexualité. Jusqu’à il y a peu (et c’est encore le cas dans un très grand nombre de pays), il y avait deux types d’êtres humains: des hommes et des femmes; et un type de relations entre eux: l’hétérosexualité. Maintenant, dans nos sociétés «avancées», il est impossible de savoir combien il y a de types d’êtres humains et de relations entre eux: hommes, femmes, transgenres dans un sens ou l’autre, hermaphrodites, et sans doute bientôt bi-genres ou a-genres; tout comme l’hétérosexualité, l’homosexualité, la bi-sexualité, la multisexualité, l’a-sexualité. D’ailleurs, il n’y a désormais plus seulement l’identité sexuelle mais également l’identification sexuelle. Bref, la sexualité au choix de chacun.

Le rapport à la religion. À travers l’histoire, un grand nombre de religions se sont développées, souvent en lien avec une région et une culture données. De celles-ci, plusieurs se sont détachées, surtout par le nombre, comme les «grandes religions» (christianisme, judaïsme et islam comme «religions du Livre», mais aussi le bouddhisme, l’hindouisme, le taoïsme, etc.). Et bien d’autres religions sont vécues un peu partout, souvent regroupées, par commodité, sous le nom de religions naturelles. Mais jusque là, on avait essentiellement affaire à des phénomènes collectifs, qu’on pouvait assez facilement reconnaître, sinon comprendre, comme des réalités indiscutables. Maintenant, toujours dans nos sociétés «avancées», chacun se bricole de plus en plus sa propre religion. Non seulement en choisissant, au buffet des religions, ce qui fait le mieux son affaire. Mais également en inventant, de manière de plus en plus discutable et farfelue, des religions à la carte: Raël, la Scientologie, ou le Pastafarisme (les «Adorateurs du Monstre en spaghettis volant». Eh oui! Je n’invente rien! Parlez-en aux tribunaux qui doivent trancher sur le respect de la liberté religieuse…

Le rapport à la consommation. Pendant très longtemps, l’être humain a dû subvenir à ses besoins essentiels: se nourrir, se vêtir, se loger. Le choix n’était pas varié et on ne faisait pas le difficile. Même jusqu’à récemment, il y a à peine plus d’un siècle, on se considérait extrêmement chanceux d’avoir accès à un livre, un journal ou un poste de radio. Mais avec le progrès, nos sociétés «avancées» ne se contenteraient jamais plus de moins que du «choix illimité» entre d’innombrables produits matériels ou culturels, et entre tous les moyens de communication instantanés et synchronisés que permet désormais l’informatique. Si bien que chacun a désormais la possibilité (et le contraire serait considéré comme «im-pensable») de faire son choix individuel entre tout ce qui est simultanément possible et disponible.

Et notre système économique capitaliste mondialisé pousse de toutes ses forces (et de tous ses intérêts) dans le sens d’une satisfaction toujours plus individualisée des besoins et des désirs de chacun. Et comme les intérêts économiques sont le plus souvent déterminants dans les «choix» (qui sont beaucoup plus des décisions que des choix!) de société…

Où veux-je en venir avec tout ça?

Au fait que notre évolution vers un respect toujours plus grand des droits individuels nous conduit inévitablement vers des culs-de-sac. Au même titre d’ailleurs (et ce n’est pas sans lien), que le développement et la croissance illimités nous conduisent inévitablement vers le mur des limites planétaires.

Avec cette hypertrophie des droits individuels, il est déjà (et il va devenir encore plus) difficile de s’entendre sur quoi que ce soit de collectif. Puisque chacun peut être, faire ou croire ce qu’il estime essentiel ou préférable pour lui ou elle, comment arriverons-nous désormais à nous entendre sur des valeurs ou des «vérités» communes? Comment, et autour de quoi, arriverons-nous à nous rassembler tous ensemble? Arriverons-nous même encore, tout simplement, à nous entendre pour imposer des règles communes à nos goûts, choix ou appétits individuels?

Certes, ce questionnement peut sembler sombre, pessimiste ou prématuré. Après tout, l’être humain n’a-t-il pas réussi à relever, plutôt brillamment, tous les défis auxquels il a été confronté depuis son apparition sur Terre?

Pourtant, les difficultés du vivre-ensemble sont déjà bien présents dans nos sociétés individualistes «avancées». Et elles ne cessent de s’amplifier avec l’arrivée des vagues croissantes de migrations internationales. Tous nos outils collectifs sont de plus en plus fragilisés: État (Providence), syndicats et autres regroupements communautaires, partis politiques, groupes religieux, etc. Ce qui était, jusqu’à il y a une ou deux générations, un tissu social tissé serré est de plus en plus en train de s’effilocher.

Et nous pouvons compter sur notre système économique pour amplifier encore le phénomène. Et toujours dans le même sens: du collectif vers l’individu visé toujours plus comme la cible et l’idéal du projet.

Est-ce vraiment cela que nous voulons?


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